Un an déjà, on s’en souvient de ce vendredi 12 mars engendrant l’amertume, l’indignation, le regret et surtout la révolte chez les Haïtiens. Une tentative d’opération policière dans la zone Village de Dieu a été aboutie à l’exécution crapuleuse de plusieurs agents de la police nationale dont des membres du SWAT.
Le nombre de victimes
Vendredi 12 mars au commencement de la journée, des policiers de plusieurs unités spécialisées de la Police Nationale dont le SWAT et la BOID avaient tenté de mener une opération à Village de Dieu afin de déloger le groupe armé qui contrôle ce quartier, situé à l’entrée sud de la capitale.
Jusqu’aujourd’hui, les chiffres se partagent sur le nombre d’agents restant au Village délaissé par Dieu puisque la PNH n’a pas pu récupérer les corps des siens. Cette opération décriée s’est soldée par la mort de cinq (5) policiers, une dizaine d’autres blessés, un véhicule blindé de la police incendié et un autre confisqué par les malfrats.
Le bidonville contrôlé par le gang 5 Segond reste l’espace de « kwa manman w ak kwa papa w » pour l’organisme de protections et de services. Armes, uniformes, corps et d’autres matériels sont restés sur le territoire ennemi. On ne peut pas oublier les différentes vidéos terrifiantes, visiblement prises par les bandits, faisant l’exhibition des cadavres ensanglantés des agents de police, piétinés, souillés… Ils se sont comportés en maîtres et seigneurs.
Parents en larmes, société indignée, les internautes en rage, ces faits avaient/ont enfoncé Haiti dans une profonde indignation. À ce fait, les internautes avaient initié le hashtag #FreeHaiti, du français (Libéré Haïti) et ils ont même sollicité l’aide de l’internationale. A-t-on encore eu de résultats ou de solutions ?
Réaction de la PNH
Des messages vocaux envoyés par des policiers en difficulté dans le village ont été devenus virals sur les réseaux. Coincés dans les chars sous des tirs, ils réclamaient à tout prix de renforts (secours), pourtant, ils n’ont pas été secourus par les hautes autorités policières, souffrantes de surdité.
Tout s’est déroulé sur le commandement nonchalant de Léon Charles.
“ L’opération était une phase décisive dans les actions menées contre le phénomène de kidnapping. Village de Dieu est l’un des endroits où les bandits séquestrent la majorité des victimes ”, avait réagi le DG a.i de la police à l’époque tout en se sympathisant aux familles des policiers tués. Il déclarait également que l’État major s’était engagé à les accompagner.
La police ne lâchera pas et elle ne devrait pas puisqu’elle a une mission à accomplir qui est de « protéger et servir la population », avait assuré Léon Charles.
Mercredi 17 mars 2021 soi 5 jours après, la police nationale avait récupéré le blindé saisi par les caïds, oubliant les dépouilles des policiers. La société avait même évoqué une potentielle négociation (entre le gouvernement et le groupe armé) pour cette récupération.
À propos de la récupération des corps, Léon Charles s’était montré catégorique. “ La PNH n’aménagera aucun effort afin de les retrouver ”, avait-t-il lancé soulignant que les moyens pour procéder à cette récupération ne doivent pas non plus mettre en danger la vie d’autres policiers.
“ La récupération des corps des policiers est une obligation morale envers les familles des victimes qui n’attendent que cela pour pouvoir faire leur deuil ”, avait-il également martelé dans la soirée du mercredi. “ Ce que le pays attend de nous, nous le ferons. C’est un engagement et nous le respecterons ”, avait promis Léon Charles. Jusqu’à ce jour les familles ont pu mettre en terre leurs fils ??
Il faut souligner que la PNH avait trouvé un bouc émissaire pour cette opération catastrophique. L’inspecteur général Carl-Henry Boucher qui avait été placé en isolement juste après son audition à l’Inspection générale de la police nationale d’Haïti (IGPNH), le mardi 16 mars 2021. Accusé d’être le responsable du gâchis, il avait déclaré : “ Je ne suis pas responsable de l’échec de l’opération à Village-de-Dieu ”.
Georges Renois Vivender, Désilus Wislet, Eugène Stanley, Ariel Poulard et Lucdor Pierre sont les cinq policiers tombés au Village de Dieu qu’on pourrait appeler Village d’enfer effectuant leur devoir de « protéger et servir », sans protection pour leur part vivant ou mort.
Aujourd’hui encore, les parents qui n’ont pas pu donner des obsèques dignes à leurs fils souffrent amèrement. À mentionner que depuis lors la PNH laisse la vie tranquille aux seigneurs du Village de Dieu.