Les jeunes de l’Université d’État d’Haïti menant une lutte permanente sont souvent mal vus dans la société. Pourtant, ils/elles sont nombreux-ses ces jeunes là qui entreprennent des initiatives louables à travers la musique, la poésie disons l’Art. Le rappeur, compositeur, militant… Rebèl Pakamò en est un qu’on peut nier dans le cercle.
Parcours du fortifiant
Rebèl Pakamò, de son nom d’acte, Jean Gardy Clervil, a vu le jour en juin 1996. “ J’ai laissé ma ville natale afin de rentrer à Port-au-Prince pour des expériences universitaires ”, nous dit le natif de la Gonâve. Toutefois, ce rêve va être fauché. “ Je faisais partie d’une liste de 19 étudiants qui ont été expulsés par le rectorat de l’Université d’État d’Haïti (UEH), en novembre 2016, à la suite de notre engagement dans la lutte pour une véritable réforme au sein de l’université ”, a expliqué l’ancien étudiant à la Faculté de Droit et des Sciences Économiques (FDSE).
Selon lui, cette décision était la plus grande étape de la pacification de l’UEH par Fritz Deshommes et ses alliés. C’était très dure pour lui, mais cette expulsion, l’a donné beaucoup plus de motivation pour construire une carrière artistique et de donner plus d’énergies à la lutte des masses haïtiennes.
Ne se laissant pas abattre, du coup, en décembre 2017, il a sorti son EP titré « Revolisyon ». Il ne s’est pas arrêté là, quelques temps plus tard soit en novembre 2019, l’ancien élève du Collège Saint François d’Assise de la Gonâve a livré au public son premier album baptisé « Lètouvèt ».
Notons que le concert de l’album « Lètouvèt » organisé le 20 juin 2021 était un véritable succès. Rebèl Pakamò est également le fondateur de CRICASTRO une organisation de gauche, le fondateur de Tele Lakilti. Ajouté à tout cela, le fils de Marie Micheline Milord est le directeur artistique du Festival Rezistans.
Son tout dernier démo «AntolOmaj»
Rebèl Pakamò a sorti son nouveau projet le dimanche 27 mars 2022. Un Démo intitulé « AntolOmaj », ayant 3 morceaux, à travers lequel il retransmet en forme de chanson (rap) des textes poétiques de trois grands écrivains de la littérature contemporaine en Haïti.
Un projet qui a reçu le support de plusieurs figures dans le milieu musical comme Philippe, Stan, Cisco, Amazan, D-fi entre autres. «Antol» pour Anthologie et «Omaj» hommage, Pakamò explique : “ je réalise ce projet dans l’intention de apporter toujours de choses originales inspirant de mes fréquentations dans le milieu littéraire. Je fais aussi tout cela dans le but de lancer le débat sur une autre forme de poésie dans le rap. Car le rap, c’est la poésie classique (rimée), mais je pense que la poésie contemporaine peut trouver sa place ”, a-t-il scandé.
À ce fait, le rappeur engagé décide de rendre hommage à ces figures de la littérature haïtienne ayant marqué la période contemporaine: Evelyne Trouillot, Frankétienne et Lyonel Trouillot en interprétant leurs textes poétiques en version rap. Ce disque est composé de trois chansons dont les titres sont : « Yon kòd gita » œuvre d’Evelyne Trouillot, «Jounal yon drivayè» écrit par Frankétienne et «Retay chans» texte de Lyonel Trouillot. Il faut souligner, l’idée de valoriser la langue créole est au cœur de cette nouvelle stratégie.
Le militantisme chez Rebèl Pakamò
Rebèl Pakamò est avant tout un militant.
“Un militant qui embrasse les causes des masses populaires et lutte pour une société juste et égalitaire ”, nous précise l’homme qui aime discuter et blaguer autour de verre.
Activiste politique, il est membre d’aucun parti. Plutôt, il prône un front politique de gauche où il y a une sorte d’unification des différentes structures de gauche crédibles du pays. Aussi, il embrasse les causes des masses pour:
-Un pays où une minorité ne détient pas toutes les richesses.
-La justice sociale/la répartition des richesses du pays.
Le membre de l’atelier jeudi soir croit que ces idées peuvent apporter une solution à la crise qui perdure dans le pays parce que, selon lui, le monde constate l’échec du système capitaliste. Et, les gauchistes de chaque pays doivent s’unir pour apporter une alternative.
« Moun k ap batay pa mouri », de cette idéologie vient le nom « Rebèl Pakamò ». L’organisateur d’événements n’a pas vraiment une religion. Néanmoins, il supporte le Vodou surtout comme élément culturel.
L’artiste pratique le « Bazilik Patikola » qui est un jeu de baton et art martial haïtien, l’un de ses loisirs.
Ayant plusieurs chapeau, mais il n’est pas un robot. Pour se relaxer, il se promène ainsi qu’il passe beaucoup de temps derrière l’écran de son téléphone. Comme bon nombre d’artistes, à titre de loisirs, il écoute de la musique, parfois, il regarde des matchs de foot.
Pour conclure, Rebèl Pakamò nous a fait don de ces mots : “ Maintenant, mon nom veut dire quelques choses dans le milieu culturel et le milieu progressiste en Haïti. Il faut savoir changer les moments difficiles en opportunité. C’est ce qu’Edgard Morin appellerait « dialectique curieuse ». Notons qu’il travaille actuellement sur son nouvel album.