Face à la dégringolade aveuglée de la société vers l’inévitable, la musique ou du moins la culture a son rôle à jouer. C’est ce qu’a essayé de faire le rappeur Baky sur le morceau « À l’infini », placé en quatrième position sur son album intitulé « Rap ap rete Rap » qui a été dévoilé le samedi 07 mai écoulé.
Baptista Lugendy St-Hubert connu sous le sobriquet Baky a mélangé sa voix avec celle de la talentueuse Tafa Mi-Soleil pour livrer un message qui devrait sensibiliser la société sur les séquelles ou les retombées de l’insécurité en Haïti. En effet, le rappeur se trouve dans la peau d’un embryon qu’attend que son éjection du fait que sa mère l’a eu suite à un enlèvement suivi de séquestrations et de viols.
Cette mère à qui s’adresse ce bébé en miniature n’a que 14 ans d’âge. Baky pense que si sa mère, violée, maltraitée, n’obtient pas de justice pour tout ce qu’elle a subi, il faut que la nature passe à l’action avant la fin de sa vie. Une histoire plus que triste que d’autres. Victime il y a de cela quatre mois en revenant de l’école quand des hommes armés ont attaqué la camionnette à bord de laquelle elle se trouvait. Six malfrats l’ont droguée, l’ont violée et l’ont abandonnée par la suite sur les bords de la rue.
Suite à cet événement tragique, elle a prié tous les dieux pour lui ôter la vie. Résistée, pis, elle va découvrir qu’elle est tombée enceinte. Imaginez-vous une adolescente portant un bébé dans des conditions catastrophiques. Du coup, le plan était d’avorter puisqu’elle ne pourrait rien apporter à cet enfant.
“ 4 mwa nan vant ou. Mw ta vle viv men w p ap kite m. So m bay istwa m kòm yon dènye soupi ”, un petit extrait des paroles du rappeur. “ Kò m sispann pale depi lè yo manyen li. Kijan pou m ba ou lavi, pandan m pa rete nan Mwen. Oh lanmou ! ou p ap janm ouvè je w isit. Se pa sa m ta vle chwazi. Mw renmen w à l’infini ”, chante la talentueuse Tafa Mi-Soleil jouant le rôle de la mère prématurée.
Baky comme embryon est très têtu. Il ne compte pas lâcher l’affaire en répondant la mère porteuse : “ Alors, se dènye jou m nan vi w dènye fwa n ap pale. Men w sou vant ou w ap woule. Ou vle santi m avan m ale. Manman si m gen yon dènye bagay pou m di w tankou dènye kri. Mw t ap di w kite m viv, pa vle istwa n fini an trajedi…”
Le natif des Cayes décide avec ce morceau de toucher une facette des torts engendrant l’insécurité qui prévaut dans le pays. Cette chanson pourrait être le commencement d’une sensibilisation visant à éradiquer ce fléau qui gâche déjà autant d’avenirs.
Un embryon qui aime à l’infini une mère qui ne l’avait pas désiré ou demandé. Tout un chacun doit écouter cet évangile afin de se faire animer d’une prise de conscience.