L’industrie musicale haïtienne (HMI) est devenue, depuis quelques temps, un espace méconnaissable. La bonne musique se voit remplacer par le commérage (Zen) ou par des propos nuisibles aux bons mélomanes. Aussi, elle est en proie à la division à l’image du pays, les mauvais coups (jès rat mode soufle) prennent la place de l’honnêteté, la chanteuse Bedjine l’a bien fait savoir. De plus, l’incident survenu lors du concert du chanteur français Dadju à NH El Rancho nous dit plus.
Lors d’un live en compagnie de son protégé, K-dilak, pendant le week-end dernier, l’artiste féminine a profité pour faire des révélations assez particulières sur des offres souvent reçus de beaucoup de gens dans l’idée de trahir le chanteur K-dilak avec qui elle forme un duo bien productif.
La question de classe ou de provenance reste encore une barrière en Haïti à l’ère de la technologie. En effet, Bedjine mentionne que fréquemment on lui dit qu’elle est mal accompagnée du fait que K-dilak vient de province. À noter que le chanteur est natif de Miragoane dans le grand Sud.
Longtemps objet de critiques pour diverses raisons, l’interprète de « tout va bien » a enfin haussé le ton pour lâcher ce qu’elle ressent. “ Souvent, des gens me contactent pour me dire que je dois arrêter de chanter au coté de K-dilak. C’est comme quoi je gaspille mon talent parce que c’est moi la lumière ”, a confié la voix féminine très populaire en ce moment.
Vouloir une fois recadrer ces gens et également les détracteurs, Bedjine a indiqué que personne n’a le droit de lui dire ce qu’elle doit faire de sa vie. Il revient à elle de voir et décider ce qui est bien pour sa carrière.
Par ailleurs, elle a profité pour rappeler que K-dilak avait accepté de chanter avec lui quand elle n’était rien ou du moins assez connue. Il faut le dire, malgré les nombreuses attaques, ils forment un duo presqu’invincible et jusqu’ici, leurs travaux raflent du lourd.
Dadju sans écho à El Rancho
Le mardi 12 juillet était une date phare pour l’HMI et Roody Roodboy du fait que le prince Dadju a été programmé pour un concert de grande envergure à NH El Rancho aux côtés de plusieurs artistes haïtiens dont ce même Roody Roodboy qui avait fait le show avec lui au Canada. Une activité qui a été interrompue, avant la prestation de l’artiste français, suite au lancement de bonbonnes lacrymogènes par devant le podium ainsi qu’au VIP.
Selon nos infos, il était environ 11h50 quand une fumée vive, venant des parkings, a envahi le VIP et d’autres parties de l’hôtel blanc à Pétion-ville. C’était du gaz lacrymogène et le public s’est vite dispersé…Le problème censé résolu par les organisateurs, quelques minutes plus tard, tout s’est revenu dans l’ordre.
Et, devant un public motivé et déterminé, Roody Roodboy a donné une prestation digne de la soirée. Toute suite après, pause d’animation avec les DJ avant l’apparition de prince Dadju, ce qui n’a pas eu lieu. Pour une seconde fois, l’usage de gaz lacrymogène a été fait et cette fois devant le stage même.
Les fans étaient partis furieux refusant d’accepter qu’ils ne puissent pas voir sur scène le compositeur franco-congolais ce 12 juillet. Boycottage ou simple incident ? Les organisateurs ont seulement envoyé leur excuse à l’endroit des gens qui avaient fait le déplacement.
Sans vouloir juger quiconque à tort, tout reflète l’état de l’industrie musicale haïtienne. Pas besoin d’être un expert pour comprendre que si cette dite industrie était à niveau ce qui s’était produit à la Place Bell Arena, Canada, aurait pu prendre place à NH El Rancho, Haïti.
Un HMI à l’image du pays
Division et autres, il y a de quoi de s’inquiéter pour la musique haïtienne. Besoin d’un devoir de mémoire pour une industrie qui a vu le succès de Tabou combo, de Skah-shah, Dp express, Magnum Band, Mizik mizik, Tropicana d’Haïti, Septentrional, Panorama des Cayes, Zenglen…des artistes comme les frères Parents, Dieudonné Larose, Rodrigue Milien, John Steve Brunache….
Aujourd’hui, les bonnes collaborations et les chansons bien charpentées valent presque rien face au buzz, sans oublier l’argent qui crée des artistes sans art au jour le jour. Seulement le manque d’une bourse bien pleine pourrait empêcher à quiconque de faire partie de l’HMI et de se trouver sous le feu des projecteurs, dans toutes les émissions culturelles, ceci dit, sous le regard complice des grands pratiquants de la bonne musique. N’en déplaise aux musiciens et chanteurs qui continuent de faire des sacrifices, l’HMI vaut mieux. Il reste de demander: qui viendra redresser la barre ?