Lettre ouverte de Junior Luc au ministre de l’Éducation Nationale et de la Formation Professionnelle (MENFP), Nesmy Manigat.
Monsieur le Ministre,
C’est avec un esprit tourmenté que je tiens à vous adresser aujourd’hui, ce lundi 03 octobre 2022, cette lettre ouverte. Il a fallu attendre ce jour, je dirais fatidique pour votre ministère afin de me rendre effectivement compte de ce que j’ai constaté. Décidément, les portes des écoles sont fermées aujourd’hui. Ce constat malheureux constitue en quelque sorte le leitmotiv de ma lettre.
En fait, je suis Junior Luc, journaliste et enseignant. J’ai toujours pris le temps de vénérer cette personne que vous êtes, pour plusieurs raisons. Mais je vais passer à pieds joints sur deux d’entre elles. D’abord, en janvier 2015, on s’était rencontrés au Lycée de l’Amitié de Ganthier. Je fus alors président de la promotion sortante et du comité central du lycée. À vrai dire, on vous avait invité à la fête des philosophes. Vous et moi, on s’était croisés au portail de l’école, on se serrait les mains. (Ce n’était pas encore l’heure de cette grande technologie sinon, j’adresserais ci-joint la pose qu’on a eue.). J’en ai fait mention justement pour exprimer mon attachement à vous.
Ensuite, j’ai aimé votre dynamisme. Je vois en vous une personne ferme et pragmatique. Durant votre passage à deux reprises à la tête du MENFP, vous avez entrepris des initiatives intemporelles. C’est-à-dire des idées qui vont laisser des traces. À titre d’exemple, l’uniformité des lycées. Et plus près de nous, le projet de livre unique. Donc, vous imprégnez votre marque aux annales de l’histoire.
Pourtant, je suis tombé des nues lorsque j’ai lu et constaté que vous avez co-signé la décision du Premier ministre, Ariel Henry, d’augmenter les prix des produits pétroliers. Je me suis demandé est ce que c’est vraiment vous. Ce simple paraphe vous rend, à mes yeux, méconnaissable. Au point de me demander si ce n’est pas par inadvertance que vous avez posé un tel acte. Comment un ministre aussi direct que vous avez pu jouer sur deux terrains à la fois ? S’agit-il d’une ambivalence, d’une incohérence et d’une dichotomie ?
Voyons ! Si aujourd’hui les portes des écoles sont fermées, sachez Monsieur le Ministre, que cela est dû principalement à l’augmentation des prix des produits pétroliers. Les parents sont donc INCAPABLES de payer le transport. D’ailleurs, cet ajustement est la source même des diverses manifestations actuellement sur tout le territoire. C’est pourquoi j’estime que vous faites la chose et son contraire. Oui ! Vous aviez planifié une rentrée scolaire pour le 03 octobre en raison des difficultés énormes et parallèlement, vous avez apposé votre signature pour la hausse des prix du pétrole.
Ce matin encore, je me sens désappointé lorsque j’ai vu la note du ministère qui parle de réouverture « Tipa tipa » des écoles. L’on se demande par quelles recettes on arrive à rendre le pays aussi invivable.
Je n’y vais pas par quatre chemins pour vous dire que votre gouvernement est cynique. Jusqu’à preuve du contraire, personnellement, je veux croire que vous pouvez être cohérent. Écoutez votre cœur ! Lisez et comprenez votre slogan ! Omwen pale ak Ariel Henry di l « Lekòl pa ka Tann »
Recevez, Monsieur le Ministre, mes salutations fraternelles.
Junior Luc