La première République noire libre du monde ne cesse de s’aventurer de dédales en dédales. Depuis à la base, cette nation se trouve dans une éternelle course, une fuite illimitée, ce qui est plus aggravé au 21e siècle par la prolifération des gangs armés qui opèrent en toute tranquillité.
Après l’extermination des autochtones, les pays colonisateurs de l’île d’Haïti avaient, au 17e siècle, mené des esclaves d’Afrique pour accomplir leurs lourdes tâches. Et quelque temps plus tard, comme on le sait tous, la nation haïtienne est censée constituée. Indépendance conquise, mais la misère et le désarroi ne sont pas éradiqués.
La population haïtienne est, depuis sa constitution à la recherche, les citoyens partent partout. Souvent, ils effectuent des voyages mortels. Haïti ne s’est pas tardée à devenir un espace à éviter même pour ses propres fils et filles. En 2023, les Haïtiens se sont réfugiés sur tous les continents.
Cette course est également interne. Depuis environ une décennie, les habitants courent de quartiers en quartiers afin d’échapper aux terreurs des gangs criminels armés qui ne cessent d’occuper les différentes villes du territoire. De Martissant à Savien passant par Cité Soleil et Bas de Delmas, aujourd’hui, les groupes armés ont le contrôle de la zone métropolitaine de Port-au-Prince. La commune de Croix-des-Bouquets est l’espace de triomphe de plusieurs gangs et l’occupation de la Route Nationale n° #1 surtout à Canaan a tout bouclé. Ce n’est pas différent pour certaines zones de Delmas et de Tabarre.
Ces hommes armés opérant hors de contrôle des autorités policières kidnappent, tuent, décapitent et brûlent comme ils veulent. Les citoyens qui ne peuvent pas rester sous leurs influences s’enfuient. Cependant, la tranquillité n’est garantie presque nulle part dans la capitale.
En effet, il n’y a désormais plus de refuges à Kenscoff et à Pétion-Ville, considérée pendant une certaine époque comme une zone résidentielle et aisée du pays. Sans limites, les malfrats font chanter la poudre à Fort-Jacques, Belle Fontaine, Lamontagne, Fermathe, Laboule, Thomassin, Montagne Noire, Marlique, Duplan, Métivier, Gros Jean, Doco, Diègue, Girardo, Meyotte, Torcel, Pernier, Route de Frères entre autres.
Et oui, la course est sans fin, chaque jour, la population doit enfiler ses bottes pour bouger de quartier en quartier. La rivière de sang coule et vise tous les coins. Dans cette course, s’inscrivent ces zones voisines du Palais National : Bel-Air, Solino, Fort National, Nazon, Avenue Poupelard, Christ-Roi, Lalue pour ne citer que celles là.
Ce théâtre de mauvais goût ne se déroule pas uniquement dans la capitale. C’est le même cas de figure à Liancourt, Verrettes, Petite-Rivière, Deschapelles, l’Estère et diverses autres villes dans le Département de l’Artibonite.
Ce qu’il faut retenir, c’est qu’Haïti ne produit pas d’armes ni de munitions. Souvent, ces hommes armés dont la majorité en bas de la trentaine, ne sont même pas détenteurs d’une pièce d’identité. Ils ne voyagent pas, mais ils sont en possession d’armes de grands calibres et ne sont jamais en panne munitions.
Pour remédier à cette situation nonchalante, les autorités attendent l’aide de l’internationale qui continue de montrer son laxisme aux enfers du peuple haïtien. Entre-temps, ces caïds avancent de zones en zones sans obstacles. Ils ont la voie libre et chaque citoyen se prépare à courir.
Dans cette lignée de course, il y a ceux et celles qui décident de laisser le pays par n’importe quels moyens, soit en traversant en terre voisine d’où près de 27 000 ressortissants haïtiens ont été déportés pour le mois de janvier 2023, soit d’aller ces derniers temps au Mexique pour arriver aux Etats-Unis qui paient le ticket de retour en cas d’interception, sans oublier les nombreux rapatriements effectués depuis quelque temps par le Cuba, les Bahamas, le Porto-Rico et autres.
Haïti est malheureusement aujourd’hui « un pays sans pays ». Si vous citez une zone ou un quartier de la capitale et les gens vous communiquent le nom de son chef, alors que les autorités légales n’ont le contrôle de rien, sinon la caisse de l’Etat. Et pour s’accommoder, les hauts commis de l’État, les responsables diplomatiques, les hommes d’affaires entre autres se livrent à blinder leurs véhicules, à se faire accompagner de gens lourdement armés, oubliant le cas de la population civile.
Credit Photo: Guerking Souffrant/Passion Info Plus