Le Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH) lance une alerte aux autorités sur la situation actuelle du Centre de Rééducation des Mineurs en Conflit avec la Loi (CERMICOL). Conçu pour accueillir 100 mineurs, ce centre hébergeait cependant 370 détenus (hommes, femmes, filles et garçons) jusqu’au 29 août dernier, selon un rapport du RNDDH.
Les actes de violence qui se sont éclatés dans la région métropolitaine de Port-au-Prince et la grève répétée au niveau de l’appareil judiciaire en sont les principales causes de cette situation. À la suite de l’évasion massive à la prison civile de Cabaret le 22 septembre 2022, des autorités pénitentiaires ont décidé, le 20 mai 2023, de déplacer puis transférer les femmes et les filles restant au CERMICOL.
Entre 2 et 3 mars 2024, la situation s’est aggravée avec l’évasion spectaculaire enregistrée à la Prison civile de Port-au-Prince. Sur 3 696 détenus qui s’y trouvaient, 3 609 se sont évadés. Les autres ont été transférés à la Direction Centrale de la Police Judiciaire et au CERMICOL, a fait savoir le RNDDH.
Avec le réaménagement du CERMICOL, les mineurs n’ont plus de récréation, car, selon le Réseau National de Défense des Droits Humains, leur cour est désormais réservée aux ablutions et à la lessive des femmes et des filles.
De plus, ce rapport a souligné qu’en raison de la non-nomination de juges pour enfants dans les tribunaux de Port-au-Prince, la situation au CERMICOL s’est détériorée. À cela, s’ajoute l’incapacité du centre à organiser des séances de formation pour les mineurs afin de faciliter leur réinsertion. Par ailleurs, les deux salles de cours réservées aux mineurs sont désormais occupées par des détenus.
Recommandation du RNDDH
Face à cette situation où des femmes, des hommes, des filles et des garçons sont entassés dans des conditions contraires à tout principe au Centre de Rééducation des Mineurs en Conflit avec la Loi, le RNDDH recommande de réaménager, dans les meilleurs délais, la prison civile de Pétion-Ville et d’y transférer les femmes et les filles. L’organisme de défense des droits humains exige également de reprendre le contrôle des zones où se trouvent les prisons attaquées par des bandits armés, de les réparer, et de transférer les hommes détenus à la prison civile de Port-au-Prince.
Wilder Sylvain