
L’Unité de Lutte Contre la Corruption (ULCC) recommande la mise en mouvement de l’action publique contre les conseillers-présidents Smith Augustin, Emmanuel Vertilaire et Louis Gérald Gilles pour « abus de fonction, versement de pots-de-vin et corruption passive ». Des poursuites judiciaires sont également requises contre l’ancien président du Conseil d’Administration de la Banque Nationale de Crédit (BNC), Raoul Pascal Pierre-Louis, qui a accordé des cartes de crédit d’une limite maximale de 20 000 dollars américains aux conseillers-présidents en échange de sa reconduction à la tête de la BNC, selon un rapport de l’ULCC publié ce mercredi.
Le rapport révèle que les trois conseillers-présidents, Louis Gérald Gilles, Emmanuel Vertilaire, et Smith Augustin, ainsi que Raoul Pascal Pierre-Louis, se sont réunis discrètement à l’hôtel Oasis le 25 mai 2024, en présence de Lonick Léandre. Lors de cette rencontre, les discussions portaient sur la reconduction de M. Pierre-Louis comme président du Conseil d’Administration de la BNC.
Cependant, des conditions ont été posées. Les trois conseillers ont exigé la somme exorbitante de 100 000 000 de gourdes pour reconduire M. Raoul Pascal Pierre-Louis. N’ayant pas les moyens de satisfaire cette demande, ce dernier leur a plutôt proposé une carte de crédit avec une limite généreuse, selon l’ULCC.
Le rapport précise que les cartes de crédit des conseillers-présidents Smith Augustin, Emmanuel Vertilaire et Louis Gérald Gilles avaient une limite de crédit de 1 800 000 gourdes, soit l’équivalent de 20 000 dollars américains, au taux de 90 gourdes pour un dollar américain. Celle du consul Lonick Léandre avait une limite de 1 125 000 gourdes, soit environ 12 500 dollars américains, calculée au même taux, détaille le rapport.
Les enquêteurs de l’ULCC notent également que « les cartes de crédit de Smith Augustin et Lonick Léandre ont été émises le 15 mai 2024, tandis que celles d’Emmanuel Vertilaire et Louis Gérald Gilles l’ont été le 27 mai 2024, soit deux jours après la rencontre du 25 mai 2024 ».
Lors de leur audition, les quatre bénéficiaires ont déclaré avoir rempli les formalités d’obtention de leur carte de crédit lors de la visite de marketing des agents de la BNC à la Villa d’Accueil. Cependant, ces déclarations ont été réfutées par la directrice de la succursale de la BNC, Marie Michelle Louis, qui a affirmé n’avoir envoyé aucun agent pour promouvoir la carte. Elle a précisé que les agents étaient présents pour les formalités d’ouverture de comptes d’épargne en gourdes pour les trois conseillers-présidents et Lonick Léandre.
Les enquêteurs de l’ULCC ont conclu, d’après les explications de la directrice de la carte, que les cartes de crédit BNC octroyées à ces personnalités étaient le résultat de négociations personnelles menées pour garantir la reconduction de Raoul Pascal Pierre-Louis à la présidence de la BNC, grâce à leur influence.
Ainsi, M. Pierre-Louis a enfreint les dispositions des articles 9 et 16 du décret du 23 novembre 2005, modifiant la loi du 17 août 1979, créant la BNC. Par conséquent, il s’est rendu coupable d’abus de fonction, de versement de pots-de-vin et de corruption active.
En conclusion, l’ULCC recommande la mise en mouvement de l’action publique contre Smith Augustin, Emmanuel Vertilaire, Louis Gérald Gilles pour abus de fonction, versement de pots-de-vin et corruption passive, ainsi que contre Lonick Léandre pour instigation à la corruption. L’ULCC demande également des poursuites judiciaires contre M. Pierre-Louis pour entrave à la justice, abus de fonction, versement de pots-de-vin et corruption active, et exige son extradition par les autorités judiciaires compétentes pour qu’il réponde de ces accusations.