Dans un communiqué publié ce 19 novembre 2024, Médecins sans frontières annonce la suspension de ses activités dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince jusqu’à nouvel ordre. Les responsables indiquent que cette décision fait suite à de graves menaces proférées à l’encontre de son personnel par des membres des forces de police haïtiennes.
L’organisation médicale et humanitaire rappelle que, le 11 novembre, une de ses ambulances avait été attaquée, entraînant l’exécution d’au moins deux patients et une agression contre le personnel médical.
La semaine qui a suivi, des policiers ont arrêté à plusieurs reprises des véhicules MSF et menacé directement le personnel, incluant des menaces de mort et de viol. Ces incidents répétés ont forcé l’organisation à interrompre toutes les admissions de patients et les transferts vers ses cinq structures médicales dans la capitale haïtienne à compter du 20 novembre, parce qu’ils sont la manifestation d’un ciblage direct du personnel et des patients de MSF en Haïti, lit-on dans ce communiqué.
“ En Haïti et ailleurs, nous avons l’habitude de travailler dans des conditions d’insécurité extrêmes, mais lorsque même les forces de l’ordre deviennent une menace directe, nous n’avons d’autre choix que de suspendre nos projets ”, a déclaré le chef de mission de MSF en Haïti. Toutes les admissions de patients à Port-au-Prince sont interrompues jusqu’à ce que les conditions nécessaires soient réunies pour reprendre nos activités, a poursuivi M. Christophe Garnier
Plus loin, le responsable a affirmé que chaque jour de suspension des activités de MSF est une tragédie, car ils sont l’un des rares prestataires de nombreux services médicaux, qui sont restés ouverts durant cette année extrêmement difficile. “Mais nous ne pouvons plus continuer à opérer dans un environnement où notre personnel risque d’être attaqué, violé ou même tué”, a-t-il lâché.
Notons que, chaque semaine, dans la région métropolitaine de Port-au-Prince, MSF prend en charge en moyenne plus de 1 100 patients en consultations externes, 54 enfants dans des situations d’urgence, plus de 80 survivants de violences sexuelles et sexistes, ainsi que de nombreuses personnes brûlées.
Les responsables signalent que la suspension des activités concerne tous les services médicaux, à l’exception des soins pour les patients déjà hospitalisés dans leurs cinq structures médicales et leurs cliniques mobiles de la région métropolitaine de Port-au-Prince, qui continueront d’être pris en charge par MSF.
“ Nous sommes présents en Haïti depuis plus de 30 ans, et c’est avec un profond regret que nous prenons cette décision, alors que les services de santé n’ont jamais été aussi limités pour la population haïtienne. De nombreuses personnes perdront l’accès aux services de MSF, car nous ne pouvons pas travailler en sécurité à Port-au-Prince. Nous restons engagés auprès de la population haïtienne, mais nous ne pourrons reprendre les admissions de nouveaux patients dans nos structures à Port-au-Prince qu’à condition de recevoir des garanties de sécurité et de respect de notre mandat médical et humanitaire par les groupes armés, les membres de groupes d’auto- défense et les forces de l’ordre”, a insisté Christophe Garnier, chef de mission de MSF en Haïti.