Idatson Élysée, le coup de projecteur sur un entrepreneur qui ose

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Alors que beaucoup choisissent de plier bagage face à l’insécurité grandissante qui gangrène notre chère Haïti, Idatson Élysée est de ceux qui croient que même en terrain hostile, l’espoir peut fleurir. C’est à cette image que l’entrepreneur, armé de résilience et de projets, s’engage à investir dans son pays malgré vents et marées.

Né un 24 avril dans la localité de Laborde, aux Cayes, Idatson Élysée a grandi dans cette ville, effectuant ses études classiques au Lycée Philippe Guerrier avant de se rendre à Port-au-Prince pour ses études universitaires.

Un esprit entrepreneurial qui germe

L’idée de l’entrepreneuriat a commencé à bourgeonner alors qu’il étudiait le Génie électromécanique à la Faculté des Sciences (FDS) de l’Université d’État d’Haïti (UEH).

D’importantes formations portant sur le leadership personnel, le développement personnel, les ressources humaines, les ventes à la Power Sales University ainsi qu’un MBA en Leadership, Entrepreneuriat et Innovation à la St. John’s University, ont changé le parcours de ce jeune chrétien, le plaçant sur la voie dont il rêvait : celle du monde des affaires.

Après avoir achevé ses études universitaires en 2016, l’originaire des Cayes a dirigé plusieurs projets internationaux pour la compagnie Heineken.

“Ces projets renforcent mon expérience en leadership, logistique, gestion des suivis, gestion d’équipes et gestion des packagings”, nous raconte l’ancien lycéen, soulignant que “c’était vraiment une bonne expérience”. Un début qui allait marquer son parcours professionnel.

Idatson Élysée, PDG de I&N Global Services ©️Allonce Photography

En 2018, alors qu’il était le coordonnateur général du Cercle des Solidarités Francophones, l’ancien de l’UEH a quitté le pays pour se rendre en Belgique, afin de participer à plusieurs formations sur l’entrepreneuriat. Un événement qui avait réuni plus d’une cinquantaine d’entrepreneurs venant de divers pays du monde.

Ses premiers investissements

Comment commencer, par où commencer, avec quoi commencer ? Idatson Élysée a tenté de percer le mur de la peur et s’est lancé dans l’entrepreneuriat à l’âge de 16 ans.

Ses premiers investissements ont débuté avec l’achat de motocyclettes et de voitures pour faire du transport. Il commençait également à investir dans la culture du vétiver, cet important arbre utilisé pour la fabrication d’huile et de parfum dans le monde. Mais tout ne se passait pas comme il l’espérait. 

“Malheureusement, j’ai été déçu, j’ai vécu des moments difficiles, les matériels sont tombés en panne, c’était une perte totale”, nous raconte celui qui est passionné par l’esprit d’entreprise et qui n’entend pas abandonner. 

I&N Global Services

Seul un entrepreneur dans l’âme peut expliquer l’idée de l’implantation de cette entreprise œuvrant dans la vente de voitures dès son lancement, avant d’ajouter par la suite d’autres services.

Idatson Élysée, PDG de I&N Global Services/ ©️Allonce Photography

Le jeune père de famille nous confie que le nom est une inspiration divine. I&N Global Services est né à l’issue de la lecture d’un livre qui mettait en évidence un couple parlant de business. De là, ce nom a été inspiré.

“L’idée ayant accouché cette entreprise fait suite à l’achat d’un véhicule truffé de vices cachés. En effet, l’ingénieur s’est dit qu’il allait mettre sur pied une entreprise pour éviter que d’autres personnes soient prises dans ce piège.”

“Du coup, suite à cet achat, j’ai commencé dans la vente de véhicules, et ajouté des matériels électroniques, des appareils électroménagers et la location de véhicules. Ensuite, j’ai vu la nécessité d’ajouter aussi les services de voyage dans l’objectif de satisfaire plusieurs milliers d’Haïtiens désirant planifier leurs voyages”, nous raconte-t-il tout en assurant avoir à cœur de respecter son engagement envers ses clients.

Des moments d’apprentissage plutôt que de mauvaises expériences

“Tout entrepreneur ayant un niveau de succès, c’est tout simplement parce qu’il n’a pas peur de risquer”, argue l’ancien lycéen de Philippe Guerrier, qui croit qu’il n’existe pas vraiment de mauvaises expériences. Selon lui, il n’y a que des moments d’apprentissage dans la vie, surtout dans le monde des affaires.

“Les expériences ne sont pas là pour nous détruire, mais plutôt pour nous construire. À chaque moment difficile, cela renforce notre force de caractère, cela nous contraint à travailler beaucoup plus, et à chaque fois qu’on surmonte des situations difficiles, on devient plus fort pour avancer.”

I&N Global Services et 10 000 emplois

M. Élysée rêve grand pour I&N Global Services. Devenir une entreprise multinationale, c’est ce que chérit le jeune entrepreneur avec une ferme conviction et un esprit optimiste.

“Un de mes rêves pour cette compagnie, c’est qu’elle devienne multinationale, c’est-à-dire qu’elle ait un standard international. J’ai déjà commencé en République dominicaine en installant notre bureau, mais en raison de la situation géopolitique, j’ai dû fermer temporairement. J’ai une équipe au Mexique et aux États-Unis”, nous confie M. Élysée, mentionnant l’équipe de Port-au-Prince et du Cap-Haïtien, ainsi que l’installation très prochaine d’une équipe dans la ville des Cayes.

En outre, j’ai également un projet en expansion au Panama. Tout ceci, c’est en vue de créer des opportunités pour les Haïtiens ainsi que pour les étrangers, a-t-il indiqué.

“Dans les 3 à 5 prochaines années, nous chérissons le rêve de créer plus de 10 000 emplois à travers le monde”, argue l’entrepreneur, en vue de montrer aux étrangers , selon lui, la capacité des Haïtiens à créer et à réaliser de superbes exploits.

Idatson Élysée face aux défis destructeurs

Si en Haïti, surtout, l’investissement est un pari risqué, rien ne doit étonner quand cela tourne mal. Le plus important, c’est d’avoir utilisé ses capacités pour redresser la barre. C’est à cette image qu’a agi M. Élysée lorsque la compagnie a failli s’effondrer en 2022.

“Alors que les locaux de I&N Global Services étaient à Delmas 39, ils sont partis en fumée. Des documents brûlés, des documents volés, c’était la fin. J’ai été conditionné à abandonner, mais je me suis dit que notre travail était pour le bien-être de la nation, et si cela arrivait, c’est parce qu’il y avait un autre plan”, a-t-il retracé.

“En 2023, reparti à zéro, j’ai ouvert mon tout premier nouveau bureau. Et aujourd’hui, j’ai plusieurs succursales en Haïti ainsi qu’à l’étranger.”

Cette expérience ne l’a pas contraint à se décourager ou à abandonner. Au contraire, explique-t-il, “cela a renforcé ma conviction et ma capacité à encaisser, parce que la force ne réside pas dans les coups qu’on peut donner, mais dans ceux qu’on peut encaisser”, a brandi le PDG de la compagnie, qui appelle les jeunes désirant se lancer dans le monde entrepreneurial à le faire avec le peu qu’ils ont.

“Tout ce que nous pensons est réalisable. L’important, c’est de croire en Dieu et en notre rêve, de croire en soi et puis d’avancer”, a lancé l’homme qui voit en chaque entrepreneur un acteur clé du changement et du renouveau économique.

Outre le fait de prendre soin de sa famille, le jeune entrepreneur est un ami du livre, surtout sur les sujets du développement personnel, professionnel, des ressources humaines, de la communication, entre autres. Comme pase-temps, il pratique aussi le football et le basketball.