Le Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH) a publié un rapport alarmant sur les conditions de détention dans sept commissariats et trois sous-commissariats du département de l’Ouest, visités entre avril et mai 2025. L’organisation y dénonce des violations graves de la dignité humaine.
Les cellules de garde à vue, conçues pour des détentions temporaires, sont désormais utilisées comme des prisons permanentes. Elles sont exiguës, mal ventilées, peu éclairées, insalubres et surpeuplées. Certains détenus y sont maintenus pendant des mois, voire plus d’un an, sans jugement ni accès à des soins ou à une alimentation adéquate. Par exemple, au commissariat de Port-au-Prince, 92 personnes sont entassées dans deux cellules prévues pour dix chacune, sans respect des normes internationales.
Le RNDDH souligne que cette situation résulte de la fermeture ou de la désaffectation de plusieurs prisons civiles en raison de l’insécurité, obligeant les autorités à utiliser les commissariats comme centres de détention. Cette pratique aggrave les conditions de vie des détenus et viole leurs droits fondamentaux.
L’organisation appelle les autorités à prendre des mesures urgentes pour rétablir des conditions de détention conformes aux normes internationales et garantir le respect des droits des personnes privées de liberté.
Les conditions sanitaires et physiques dans les postes de police
L’organisation de défense des droits humains constate que les personnes retenues ou détenues dans les centres monitorés reçoivent très peu de visites de la part de leur famille ou de leurs proches. « Lorsqu’aucune visite n’est effectuée, ce sont les responsables des postes qui s’organisent pour leur fournir de la nourriture. Parfois, ce sont des codétenus qui partagent avec eux ce qu’ils reçoivent, afin d’éviter qu’ils ne meurent de faim », souligne le RNDDH.
L’organisme explique également que ces cellules, inadaptées à une détention prolongée, manquent d’aération, de lumière naturelle et d’éclairage. Elles sont plongées dans le noir, infestées de rongeurs et d’insectes nuisibles. La chaleur y est insupportable, transformant ces espaces en véritables nids à microbes.
Bien que certains responsables tentent de nettoyer les cellules, le RNDDH estime que ces mesures sont insuffisantes. « Dans la majorité des commissariats et sous-commissariats visités, une forte odeur nauséabonde se dégage des cellules, ce qui constitue un danger pour la santé des détenus comme pour celle des agents de la PNH affectés à ces postes », indique le rapport.
Face à ces constats, le RNDDH dénonce de graves manquements au respect de la dignité humaine et aux garanties judiciaires des personnes privées de liberté, qu’elles soient en situation de rétention ou de détention. L’organisme recommande de limiter la détention préventive prolongée et de transférer sans délai les condamnés dans des centres de détention encore fonctionnels, afin qu’ils purgent leur peine dans des conditions respectueuses de leurs droits fondamentaux.
À cet effet, le RNDDH recommande de procéder à l’audition des personnes arrêtées depuis plusieurs mois et maintenues en garde à vue ; de statuer définitivement, comme le prévoit la loi, sur les cas de contravention, et citer directement au correctionnel les personnes accusées de délits afin qu’elles soient jugées ; prendre des dispositions pour que les personnes condamnées soient transférées dans les prisons encore fonctionnelles, où elles pourront purger leur peine dans la dignité ; électrifier tous les postes de police et les doter de produits de nettoyage appropriés entre autres.