De 2021 à 2025, au moins 28 « territoires perdus » sous les yeux des autorités

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Le constat est bel et bien accablant dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince, mais aussi dans plusieurs villes de province. Selon un rapport publié le 1er juin 2025 par le Centre d’Analyse et de Recherche en Droits de l’Homme (CARDH), Haïti compte aujourd’hui 28 « territoires perdus », dont 25 dans le seul département de l’Ouest.

Ce 1er juin marque les quatre ans depuis que des groupes armés ont pris le contrôle de l’entrée sud de la capitale, notamment à Martissant, sans aucune réaction efficace de la part des autorités. Depuis, ces groupes armés imposent leur loi, tuent des civils en toute impunité.

Dans ces 28 zones, selon le CARDH, 102 institutions publiques et 622 établissements privés ont été contraints de fermer, de se relocaliser, ou ont été vandalisés ou incendiés.

Le rapport indique également que 1 064 935 personnes sont aujourd’hui déplacées internes (PDI). Au total, 4 716 personnes ont été assassinées, dont 136 policiers (assassinés ou portés disparus), et 3 363 autres ont été victimes d’enlèvements.

« Cette réalité dramatique résulte du laxisme, voire de la complicité, de nombreuses autorités qui se sont succédé au pouvoir, ainsi que de la participation d’autres acteurs dans la montée de la criminalité en Haïti », peut-on lire dans ce rapport du CARDH.

Face à cette situation inhumaine, l’organisation estime que la décision des États-Unis de désigner les groupes armés comme des organisations terroristes internationales peut aider à freiner la machine criminelle à condition, précise-t-elle, que cette décision soit suivie de mesures concrètes, durables et coordonnées, tant sur le plan conjoncturel que structurel.

Le CARDH indique que le recours à des mercenaires peut aider à faire face à cette situation, « à condition que cela s’établit dans un cadre d’appui aux institutions de sécurité, soutenu par des règles d’engagements en matière de droits humains , ainsi que des mécanismes de contrôle et de justiciabilité. »

Le CARDH appelle les autorités haïtiennes à adopter une série de mesures urgentes afin de restaurer l’autorité de l’État, de démanteler les groupes armés et de protéger la population civile.

Parmi ses recommandations, la structure exige l’adoption d’un cadre légal sécuritaire d’urgence modifiant la loi du 29 novembre 1994 créant la Police haïtienne ; la création d’une unité spécialisée anti-terroriste et anti-gangs, bien formée et bien équipée ; l’augmentation des effectifs de la PNH et des FAD’H ; le déploiement de moyens aériens, maritimes et terrestres pour soutenir les opérations conjointes des forces de sécurité et de la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS) ; la construction d’une prison de haute sécurité, entre autres.

CRÉDIT PHOTO : ODELYN JOSEPH, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS