L’administration Trump, qui avait nié initialement tout projet d’utilisation de la base navale américaine à Guantánamo Bay, à Cuba, pour détenir des migrants, a finalement déporté discrètement 20 Haïtiens par vols militaires vers Haïti, ce mardi 17 juin.
Alors qu’un avion militaire américain a atterri discrètement à Port-au-Prince à son bord avec 20 migrants haïtiens expulsés depuis la base navale de Guantánamo à Cuba. 11 d’entre eux ont été interceptés en mer près des Bahamas et 9 autres provenaient de centres de détention aux États-Unis, rapporte Miami Herald.
Un responsable haïtien a déclaré au journal que “certains ont dit qu’ils avaient été dans deux centres de détention en une semaine”.
Ce transfert intervient alors que la porte-parole de la Maison Blanche Karoline Leavitt a qualifié de ” fake news” les informations selon lesquelles l’administration prévoyait d’envoyer des milliers de migrants, dont des ressortissants de pays d’Europe occidentale, vers le centre de détention controversé de Guantánamo Bay. ” Cela n’arrivera pas “, a-t-elle écrit sur X.
Cependant, dès son retour à la Maison-Blanche, Donald Trump a ordonné que Guantánamo soit prêt à accueillir jusqu’à 30 000 migrants, dans le cadre de sa politique migratoire massive. En février, l’administration avait envoyé plus de 150 Vénézuéliens à Guantánamo avant de les renvoyer dans leur pays d’origine.
Guerline Jozef, directrice exécutive de l’Alliance du Pont Haïtien, basée à San Diego, a dénoncé une opération “secrète”. Il ne s’agit pas seulement d’une crise humanitaire, “c’est une violation flagrante des droits humains et des libertés civiles internationaux”, a déclaré Jozef.
“Ces personnes ont été détenues sans avocat, sans que leurs familles soient informées, puis déportées dans l’ombre. Elles sont privées de leurs droits les plus fondamentaux, garantis par le droit américain et international”, ajoute la directrice.
Mme Jozef a ajouté que “nous ne pouvons pas permettre qu’un système conçu pour la détention indéfinie et la torture devienne la nouvelle ligne de front de l’expulsion des migrants”. La décision de faire disparaître les Haïtiens dans ce pipeline militaire révèle la logique racialisée du contrôle migratoire américain. Il s’agit d’une urgence en matière de droits humains et d’une honte morale.
Le journal américain a rapporté qu’un autre vol avec 61 Haïtiens est prévu ce mercredi vers Cap-Haïtien, le seul aéroport encore accessible dans le pays.
Crédit photo : JORGE SALVADOR CABRERA/GETTY IMAGES (illustration)