Le président kényan William Ruto a lancé ce mercredi un avertissement ferme contre toute tentative de renversement de son gouvernement, deux jours après une nouvelle vague de manifestations violemment réprimées dans tout le pays. Selon un rapport de la commission nationale des droits de l’homme (KNCHR), au moins 31 personnes ont été tuées, 107 blessées, 2 ont disparu et 532 ont été arrêtées.
« Ils veulent semer le chaos, organiser des manifestations, brûler des biens, provoquer le désastre afin de renverser le gouvernement avant 2027 », date de la prochaine présidentielle, a déclaré M. Ruto depuis la capitale Nairobi.
« Ce pays ne sera pas détruit par quelques personnes impatientes qui souhaitent un changement de gouvernement par des moyens anticonstitutionnels. Et je tiens à leur dire que cela n’arrivera pas », a-t-il également averti.
Selon TV5Monde Afrique, le chef de l’État a ajouté que toute personne responsable d’actes de destruction devrait être blessée, soignée et traduite en justice. En précisant que « quiconque met le feu aux commerces et aux biens de quelqu’un doit recevoir une balle dans la jambe, être conduit à l’hôpital et traduit en justice. Il ne faut pas le tuer, mais lui casser la jambe pour pouvoir ensuite aller à l’hôpital et comparaître devant le tribunal ».
Une commémoration endeuillée
Les violences de lundi ont éclaté le jour de Saba Saba (7 juillet), l’anniversaire du soulèvement de 1990 en faveur de la démocratie. Alors que le centre de Nairobi était complètement désert, des affrontements ont éclaté à la périphérie de la capitale et dans d’autres villes, la police tentant de contenir des rassemblements menés principalement par des jeunes qui protestaient contre la cherté de la vie, les violences policières et l’injustice sociale.
Le haut commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme s’est déclaré « profondément troublé » par les violences du 7 juillet. Sa porte-parole, Ravina Shamdasani, a rappelé que le recours à la force meurtrière par les autorités ne peut être justifié que « pour protéger des vies contre une menace imminente ».
Le climat politique continue de se détériorer. Mardi, plusieurs personnalités de l’opposition, dont l’ancien vice-président Rigathi Gachagua, ont appelé à un boycott total des entreprises, services et institutions liés au gouvernement, qualifiant le régime actuel d’« hostile ». « Nous ne reculerons pas, nous ne capitulerons pas », ont-ils déclaré lors d’une conférence de presse.
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