Salvador : le Congrès donne son feu vert à Bukele pour briguer un nombre illimité de mandats

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Le Congrès salvadorien a voté ce jeudi 31 juillet un amendement constitutionnel abolissant la limitation des mandats présidentiels, portant leur durée à six ans, supprimant le second tour des élections et synchronisant toutes les élections à partir de 2027. Cette ratification réforme les articles 75, 80, 133, 152 et 154 de la Constitution salvadorienne, ouvrant la voie à une réélection illimitée du président Nayib Bukele, largement réélu en 2024.

Le texte de loi a été approuvé par 57 députés pro-Bukele contre 3 voix de l’opposition. La réforme a été soumise au vote dans le cadre d’une procédure accélérée, alors que le pays entrait dans une semaine de vacances d’été. Elle prévoit également que le mandat actuel du chef d’État s’achève en 2027, soit deux ans plus tôt que prévu, afin de permettre l’alignement des élections présidentielles, législatives et municipales.

« Il est urgent et inévitable de synchroniser les calendriers électoraux en portant l’exercice de la présidence jusqu’à six ans, combiné avec une réélection sans réserves », indique le décret voté, selon l’agence de presse espagnole EFE.

Défendant le projet, la députée pro-Bukele Ana Figueroa a qualifié la réforme d’« historique » en déclarant que « c’est très simple, peuple salvadorien. Vous seuls pourrez décider jusqu’à quand vous soutiendrez votre président ».

Mais pour l’opposition, cette réforme marque une dérive autoritaire. Lors d’une séance plénière, la députée Marcela Villatoro a vivement dénoncé le processus : « Aujourd’hui, la démocratie est morte au Salvador. Ils sont tombés les masques. Ce sont des cyniques ».

« La veille des vacances, sans débat, sans informer le public, lors d’un seul vote législatif, ils ont changé le système politique pour permettre au président de se perpétuer au pouvoir indéfiniment, et nous continuons à suivre le chemin bien tracé des autocrates », a déclaré Noah Bullock, directeur exécutif du groupe de défense des droits Cristosal, à Reuters.

Nayib Bukele, 44 ans, reste extrêmement populaire au Salvador, notamment pour sa politique sécuritaire jugée efficace contre les redoutables gangs appelés « maras ». Depuis 2022, l’état d’exception en vigueur a permis l’arrestation sans mandat de quelque 87 000 personnes. Cependant, des ONG comme Cristosal et Socorro Jurídico dénoncent les détentions arbitraires et affirment que quelque 430 détenus sont morts en prison.

Avec cette réforme, le Salvador rejoint désormais l’Allemagne, le Royaume-Uni, les Pays-Bas, l’Italie, la Russie, l’Espagne, le Cameroun, l’Australie, la Guinée équatoriale, l’Arabie saoudite, la Chine, les Émirats arabes unis, la Nouvelle-Zélande, la Corée du Nord, Cuba, l’Ouganda et Singapour, entre autres.

Crédit photo : Marvin Recinos/AFP

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