Des employés de la compagnie de téléphonie Natcom sont révoqués, disent-ils, pour avoir refusé de travailler dans des conditions inappropriées. Sans préavis, ils se voient écartés de l’institution sans solde. Une décision « arbitraire » qu’ils dénoncent.
Pierre Mackenson a vu son contrat rompu sans préavis pour avoir refusé à plusieurs reprises, selon lui, de se rendre dans des quartiers contrôlés par des gangs, dont Delmas 19 et 21, quartiers en proie à la violence armée. Ce refus lui a valu une troisième lettre de blâme entraînant automatiquement sa révocation de la compagnie, explique-t-il lors d’une interview avec la rédaction de Passion Info Plus.
« J’ai reçu ma première lettre de blâme en juin 2024, liée à un dossier de Target. Cela s’expliquait par le fait que je n’avais pas pu servir un client à temps, mais je l’avais acceptée. Mon équipe l’avait également signée. J’ai reçu la deuxième en septembre 2024, pour des motifs similaires. Cette fois, il s’agissait d’un client résidant à Delmas 24. J’avais peur de m’y rendre à l’époque en raison du conflit armé opposant Solino, Bel-Air et Delmas 2, alors que les habitants du quartier commençaient à fuir leur domicile », raconte-t-il.
“Monter sur un poteau électrique en pleine fusillade pour rétablir le service chez un client est extrêmement risqué ; je peux être atteint à tout moment.”
La troisième lettre synonyme de révocation, survient en janvier alors qu’en décembre les bandes armées, explique-t-il, ont assiégé Bas-Delmas jusqu’à Delmas 17 et 19, toujours pour les mêmes motifs.
“À l’époque, la zone où la compagnie exigeait ma présence pour le travail était désertée. J’ai envoyé au responsable technique des photos des boîtes de distribution pour leur montrer comment elles avaient été impactées par des balles », raconte Mackenson Pierre, ajoutant que les clients résidant à Delmas 19, 21 et 23 ont quasiment fui leur domicile.
Selon ce qu’on peut lire dans une lettre de demande d’avertissement datée de janvier 2025, et la rédaction a obtenu une copie, concernant onze employés de la succursale, adressée au conseil d’administration de la branche et transmise au service central des ressources humaines, le nom de Pierre Mackenson y figure, pour les raisons suivantes : “les indicateurs de performance (KPI) du mois de décembre sont très mauvais. Une lettre d’avertissement est exigée par l’entreprise à l’encontre de toute l’équipe ayant obtenu de faibles résultats.”
Mackenson Pierre, après 10 ans au service de la Natcom, dénonce cette décision « arbitraire ». « Nous sommes cinq concernés par cette décision. Depuis le 12 mai dernier, on m’a envoyé une lettre actant ma révocation sans préavis” explique-t-il.
Après avoir dit non aux mauvaises conditions de travail, Gérald Garraud, travaillant depuis 2011 à la Natcom, a été licencié dans les mêmes conditions. ” Je ne comprends pas comment on a décidé de révoquer un employé sans préavis, sans solde », commente Gérald Garraud lors d’une interview avec Télé Scoop, demandant aux instances concernées de jeter un coup d’œil sur cette compagnie qui applique une politique brutale envers ses employés.
Comportement “honteux”
Contactée par la rédaction, une source au niveau du service de communication de la compagnie a confirmé que sous couvert d’anonymat, confirmait réellement la révocation de ces travailleurs tout en portant un démenti formel sur les motifs qu’ils ont avancés. Elle a fait savoir que la raison pour laquelle la compagnie a révoqué ces employés est honteuse.
” la raison de leur révocation est assez honteuse, nous ne pouvons pas la dévoiler pour des raisons professionnelles, nous pourrons révéler les motifs dans la mesure où ils ont intenté une action en justice”, a-t-elle confié tout en ajoutant que ce qu’ils ont évoqué comme motifs n’a rien à voir avec les dossiers.
De plus, la source a ajouté que la Natcom n’envoie jamais ses employés dans les “zones rouges”pour exécuter des tâches dans des conditions difficiles.
La situation sécuritaire du pays s’est dégradée ces derniers jours. Souvent, les techniciens travaillant pour des institutions comme des compagnies de télécommunications se trouvent exposés en raison des difficultés d’accéder aux zones sous contrôle des gangs armés. Mackenson Pierre n’entend pas baisser les bras. Des démarches sont en cours pour la constitution d’un cabinet d’avocats chargé de ce dossier, a-t-il confié.