Joverlein Moïse espère désormais l’aide de Washington pour obtenir justice pour son père ?

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Dans une lettre adressée au secrétaire d’État américain Marco Rubio le 23 juillet 2025, Joverlein Moïse, fils du président assassiné Jovenel Moïse, exhorte les autorités américaines à ne pas transférer en Haïti certains oligarques ayant des différends avec l’État fédéral. Ancien conseiller informel de son père, il rappelle la faiblesse de la justice haïtienne, sollicitant l’aide de Washington.

Pour introduire ses propos, Joverlein Moïse a retracé l’histoire : «Depuis l’arrivée des colons en Amérique, les États-Unis et la République d’Haïti sont les deux plus anciennes nations souveraines du continent. Nos histoires sont intimement liées, et nos peuples ont toujours partagé cette responsabilité commune : soutenir l’idéal démocratique tout en défendant la dignité humaine. »

Depuis plusieurs décennies, le peuple haïtien endure une succession de crises qui ne cessent de s’aggraver. Mais c’est le 7 juillet 2021, lors de l’assassinat brutal du président constitutionnellement élu Jovenel Moïse, mon père, que nous avons touché le fond de cette descente aux enfers. Cet acte ignoble et sans précédent a tué un président, mais pas l’espoir, ni la vision, ni la dignité que Jovenel Moïse, l’homme, incarnait pour son peuple, a-t-il écrit.

« En tant qu’ancien sénateur de l’État de Floride, terre d’accueil de la plus importante diaspora haïtienne, vous connaissez bien les dynamiques économiques et politiques qui ont miné Haïti. Vous n’ignorez pas non plus le rôle néfaste joué par certains oligarques puissants qui, depuis longtemps, financent des activités terroristes, l’instabilité politique, de multiples coups d’État et, ultimement, l’assassinat de mon père », lâche-t-il à Marco Rubio.

Puis, il a ajouté : « Monsieur le secrétaire d’État, vous savez que des institutions américaines compétentes ont appréhendé certains de ces oligarques. Pourtant, d’autres, qui ont fomenté plus d’un complot contre Haïti, l’allié des premières heures, qui a contribué à préserver les États-Unis de la domination européenne jouissent encore aujourd’hui de la protection de votre territoire, sans jamais être inquiétés. Il va sans dire que vous avez, avec votre influence, la capacité et l’autorité morale de contribuer à ce que justice soit faite.»

Vous êtes également conscient que les capacités financières de ces criminels dépassent de loin celles de nos institutions judiciaires affaiblies, des institutions qu’ils ont, pour beaucoup, déjà infiltrées, corrompues et neutralisées, interpelle-t-il.

Selon Joverlein, il est impératif que les auteurs de crimes aussi graves soient jugés dans un pays aux institutions capables de garantir une justice réelle et appropriée. « Le monde entier sait que le système judiciaire haïtien a été démantelé par ceux qu’il devrait précisément juger. Tant que régnera le chaos, les forces de l’ordre et les prisons d’Haïti resteront dysfonctionnelles », a indiqué celui qui s’est réfugié au Canada depuis l’assassinat.

Conséquemment, extrader de tels criminels vers un pays en état de déliquescence institutionnelle serait un acte d’une irresponsabilité flagrante, un geste que l’esprit même de fraternité républicaine, au cœur de la nation américaine, ne saurait autoriser. D’autant plus que ces oligarques ont su profiter des infrastructures technologiques, des réseaux de communication, des outils de financement et d’armement des États-Unis d’Amérique – un pays ami, a-t-il poursuivi.

« L’impunité de ces crimes, planifiés sur le sol américain puis commis sur le sol haïtien, ternit la réputation de votre nation et affaiblit davantage la souveraineté d’Haïti, qui aspire pourtant à se relever avec dignité », dit le futur politologue au Secrétaire d’État, précisant que sa lettre n’est pas un appel à l’ingérence, mais un appel à la décence, à la justice, et aussi une exhortation à un allié historique, pour qu’il entende enfin l’ampleur du traumatisme subi et agisse au nom du bien commun.

Pour rappel, dans un entretien exclusif accordé au début du mois au Dr Jean Fils-Aimé, Joverlein Moïse avait tenu Washington responsable en partie de ce magnicide.

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