En Haïti, la date du 1er mai est dédiée à la masse des travailleurs et consacrée à l’agriculture. Elle figure parmi les fêtes nationales. En effet, la fête de l’Agriculture a été retenue par la Constitution de 1816, dans son Article 34.
Il est traditionnel de célébrer la fête du travail et de l’agriculture en Haïti par le biais de foires gastronomiques et de production où des organisations sociales du secteur agricole et artisanal présentent leurs œuvres. Pendant cette période, le mouvement syndical relance également les problèmes rencontrés à travers des conférences-débats ou des activités de sensibilisation et de mobilisation. Certains établissements scolaires organisent des campagnes de reboisement. Autrefois, plusieurs activités empreintes de civisme se déroulaient.
Aujourd’hui, 1er mai 2024, dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince, la festivité n’est pas d’actualité. Le pays souffre dans l’enfer des gangs. Les emplois sont menacés. L’agriculture est en dérive.
La rédaction dispose des informations permettant d’affirmer que depuis la vague de violences lancée dans le pays par les gangs le 29 février dernier, beaucoup d’entreprises ont communiqué des ordres de mise à pied, de révocations sans solde entre autres à leurs employés.
Qui plus est, avec des employeurs en fuite, de nombreuses entreprises sont menacées de faillite et risquent de mettre la clé sous la porte. Les travailleurs, confrontés à un avenir incertain dans un pays déchiré par une crise multidimensionnelle et largement ravagé par la violence des gangs armés, se demandent quel emploi nous célébrons aujourd’hui.
Et, cette journée de célébration concerne également les agriculteurs. Les paysans, minimisés en “Moun andeyò”, qui depuis longtemps nourrissent le pays, surtout la capitale. Ils paient aussi le prix de la terreur des gangs et de la mascaraderie politique.
Les activités agricoles au Bas-Artibonite sont frappées de plein fouet. En raison de la violence des gangs armés, dont la bande de Savien dirigée par le nommé Luckson, les 28 000 hectares de terres irriguées de la vallée de l’Artibonite qui produisaient près de 80 % du riz local sont en danger.
Selon des données communiquées par le Programme Alimentaire Mondiale (PAM) depuis l’année dernière, plus de 5 000 hectares de ces terres agricoles ont été abandonnées.
Entre janvier 2022 et novembre 2023, plus de 1 690 personnes ont été tuées, blessées ou enlevées dans le bas-Artibonite, selon les Nations-Unies. Et, dans son dernier rapport publié sur le premier trimestre de l’année 2024, le BINUH révèle que dans les communes de Dessalines, l’Estère, Liancourt, Petite Rivière de l’Artibonite et Verrettes (département de l’Artibonite), au moins 94 personnes, non-impliquées dans des actes de violence, ont été tuées ou blessées par des gangs. Et, les actes de violence sexuelle ne cessent d’accroître.
Plus d’un se demande quelle agriculture fêtons nous aujourd’hui ?
Quand les gangs volent le bétail, violent, les femmes et les enfants, attaquent et pillent les paysans dans le département de l’Artibonite.
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Quand les agriculteurs du Grand Sud du pays suspendent leurs productions à cause des difficultés pour acheminer leurs récoltes vers la capitale, en raison des nombreux postes de péage installés par les bandes armées à l’entrée sud de Port-au-Prince. De plus, la Croix-des-Bossales, leur marché phare, n’est plus aussi fréquenté.
Quand la majorité des jeunes abandonnent la terre fertile de Kenscoff, zone qui fournissait en grande partie les légumes et les épices à la capitale, pour se lancer dans l’activité de moto-taxi à Pétion-Ville
Les caïds mettent tous les secteurs de l’économie nationale à genoux. En plus, sous le regard du gouvernement, en particulier du Ministère de l’Agriculture, des Ressources naturelles et du Développement rural (MARNDR), ils ont investi et saccagé fin février les locaux de la Faculté d’Agronomie et de Médecine Vétérinaire (FAMV) à Damien. Célébration du 1er mai en Haïti : quelle agriculture ? Quel travail ?