Nés au Mexique, déportés en Haïti : des dizaines d’enfants mexicains peinent à obtenir un passeport

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Des ressortissants mexicains, expulsés par leur propre pays conjointement avec les autorités américaines, se retrouvent piégés en Haïti depuis plusieurs mois. Ce, en raison du refus inexplicable de l’Ambassade du Mexique de leur octroyer leurs passeports. Ce qui pourrait leur faciliter le retour chez eux.

Selon les informations dont dispose notre rédaction, ils sont plus d’une cinquantaine d’enfants nés sur le sol mexicain. Leurs parents haïtiens après avoir vécu en majorité l’enfer de la traversée de la jungle du Darién, avaient transité par le Mexique dans l’espoir de traverser la frontière américaine. En compagnie de leurs enfants nés entre la frontière americano-mexicaine , ils avaient été arrêtés puis expulsés par les autorités américaines.

Depuis leur arrivée en Haïti, et malgré la fourniture par leurs parents des pièces d’identité requises aux services consulaires, ces ressortissants mexicains se heurtent à un refus de l’Ambassade concernant la délivrance de leurs passeports. Les documents restent inexplicablement bloqués dans les bureaux de l’Ambassade, sans qu’aucun motif ne soit avancé pour justifier ce retard.

Notre rédaction a pu confirmer plusieurs copies d’actes de naissance soumis aux services consulaires. Des parents, exaspérés, dénoncent vivement le comportement des diplomates mexicains face à ces dossiers, qui concernent leurs enfants, citoyens mexicains de plein droit après leur expulsion par les États-Unis.

Selon eux, leurs enfants sont victimes de la violation de plusieurs de leurs droits fondamentaux, notamment le droit à la nationalité, à la liberté de circulation, à la sécurité juridique et au respect de la procédure régulière, à l’assistance consulaire, ainsi qu’au droit à la non-discrimination, tels que les garantit la loi mexicaine.

Ambassade du Mexique en Haïti /Source : Google

Le Jus Soli, fondement de la nationalité mexicaine

Le Mexique fait partie des pays ayant appliqué le principe du Jus Soli, ou droit du sol. L’article 30 de la Constitution politique des États-Unis mexicains stipule clairement que la nationalité mexicaine s’acquiert par naissance ou par naturalisation. Autrement dit, tout enfant né sur le territoire mexicain est automatiquement citoyen mexicain, à l’exception des enfants de diplomates étrangers.

« A) Sont mexicains de naissance :
I. Les personnes nées sur le territoire de la République, quelle que soit la nationalité de leurs parents.
II. Les personnes nées à l’étranger, enfants de parents mexicains nés sur le territoire national, de père mexicain né sur le territoire national, ou de mère mexicaine née sur le territoire national ;
III. Les personnes nées à l’étranger, enfants de parents mexicains par naturalisation, de père mexicain par naturalisation, ou de mère mexicaine par naturalisation, et
IV. Les personnes nées à bord de navires ou d’aéronefs mexicains, qu’ils soient de guerre ou marchands. »

Sous la houlette de López, le consulat mexicain en Haïti navigue à vue

La gestion de Luis Ricardo López Figueroa au sein des services consulaires de l’Ambassade du Mexique en Haïti soulève de sérieuses interrogations. Selon plusieurs diplomatiques, il est le responsable direct des dossiers sensibles concernant la délivrance des passeports et des visas.

Cependant, loin de faciliter les démarches administratives, M. López Figueroa adopterait une attitude d’une désinvolture déconcertante, prenant des décisions préjudiciables, en particulier à l’égard des enfants de ressortissants haïtiens expulsés, qui se trouvent dans une situation de grande vulnérabilité en Haïti où l’emprise des gangs armés ne cesse de s’étendre.

Des sources concordantes indiquent que ce diplomate, au lieu d’agir dans un esprit de coopération consulaire, aurait délibérément compliqué la situation des ressortissants mexicains eux-mêmes. M. López Figueroa aurait ordonné la suspension des services de délivrance de passeports à ses propres compatriotes expulsés de la frontière mexicaine.

Y a-t-il une date précise pour la prise d’une décision favorable concernant ces petits Mexicains ? Le doute persiste. Les parents, profondément sceptiques, dénoncent l’attitude des responsables du consulat mexicain qui, selon eux, confondent rigueur administrative et décisions arbitraires.

Crédit photo : Arlette Blanc