Mentionnant être exposée à un risque sécuritaire trop important, l’organisation Médecins sans Frontières (MSF) annonce, dans une note datant ce mardi 7 mars 2023, avoir fermé, sous contrainte, son hôpital de Cité Soleil. Une fermeture temporaire au moment où la situation sécuritaire se détériore dans la zone métropolitaine suite aux guerres entre les groupes armés.
Suite aux affrontements d’une extrême violence qui se poursuivent de façon continue à quelques mètres de l’enceinte de l’hôpital et qui opposent des groupes armés lourdement armés, Médecins Sans Frontières, dans l’incapacité de garantir la sécurité de son personnel et de ses patients, annonce la fermeture temporaire de son hôpital de Cité Soleil, lit-on dans la note de l’organisation.
” Nous vivons des scènes de guerre à quelques mètres de notre établissement “, indique Vincent Harris, référent médical chez MSF, ” notre hôpital n’a pas été ciblé directement, mais nous sommes une victime collatérale des combats depuis que l’hôpital s’est retrouvé sur la ligne de front. Plusieurs balles perdues ont été retrouvées à l’intérieur de l’hôpital, et l’accès est devenu quasiment impossible pour les patients dont certains ont été blessés dans la zone des affrontements aux abords de l’enceinte. Nous sommes conscients que la fermeture de cet hôpital va nuire gravement aux habitants de Cité Soleil, mais nos équipes ne peuvent pas travailler tant que les conditions de sécurité ne sont pas garanties “, dit-il.
Face à cette situation nonchalante, les équipes de Médecins sans Frontières, présentes en Haïti depuis plus de 30 ans, appellent à la cessation des hostilités à la porte de leur hôpital et au respect de la mission médicale qui l’abrite afin de pouvoir réouvrir leurs activités dans les plus brefs délais et continuer de fournir les soins de santé à la population de Cité Soleil. “ L’organisation s’alarme de la dégradation vertigineuse de la situation sécuritaire dans l’ensemble de la capitale haïtienne et de la précarité croissante qu’elle entraîne, alors que les populations font face à des besoins humanitaires et sanitaires de plus en plus importants ”, mentionnent les responsables.
MSF dans l’enfer des guerres de gangs
Depuis fin de février, les différents groupes armés du Centre-Ville de Port-au-Prince font parler amplement la poudre. À Nazon, Avenue Poupelard, Solino, Delmas 24, au Bel-Air, entre autres, c’est la pagaille. MSF au chevet des victimes.
À une dizaine de kilomètres de Cité Soleil, dans le centre-ville de Port-au-Prince, le bilan s’alourdit dans le centre d’urgence de Médecins Sans Frontières situé à Turgeau, a fait savoir l’organisation, informant que leurs équipes reçoivent chaque jour jusqu’à dix fois plus de blessés par balle qu’en moyenne. “ Depuis que les combats ont une nouvelle fois repris à Bel Air, le mardi 28 février, nous avons reçu de nombreux enfants, femmes et personnes âgées. C’est terrible de voir le nombre de victimes collatérales de ces affrontements ”, explique le responsable des activités médicales Dr. Freddy Samson. “ Il est difficile de dire quel est le nombre de blessés, ailleurs, dans la ville, car certains sont terrorisés et préfèrent ne pas sortir de leur quartier “, ajoute-t-il.
Par ailleurs, les responsables de l’organisation ont tenu à rassurer que, malgré la fermeture temporaire de l’hôpital et la dégradation sécuritaire, les équipes de Médecins Sans Frontières MSF tiennent à réitérer leur engagement envers l’ensemble de la population haïtienne, première victime des violences qui déchirent le pays depuis des années, et feront leur possible pour continuer de prodiguer des soins de qualité.
“ Nos équipes continuent de soigner les victimes de violences et brûlés à Tabarre, les victimes de violences sexuelles dans leur clinique à Delmas 33 et en Artibonite, les victimes d’accident grave dans leur centre d’urgence à Turgeau, les femmes enceintes et leurs bébés dans le département du Sud ou encore les populations touchées par la violence urbaine grâce aux cliniques mobiles “, ont-ils garanti.