Déjà, 400 officiers kenyans, 20 policiers et militaires jamaïcains, ainsi que 2 officiers militaires du Belize sont déployés en Haïti dans le cadre de la Mission Multinationale de Soutien à la Sécurité (MMSS) pour aider la police haïtienne à réprimer les gangs. Les États-Unis, principaux sponsors de cette initiative, ont entamé des démarches pour transformer cette force en une mission onusienne en raison du manque de financement. Le président du Conseil présidentiel de transition, Edgar Leblanc Fils, souhaite que les erreurs du passé ne se répètent pas afin de garantir le plein succès de la mission envisagée.
Lors de son intervention à la 79e session ordinaire de l’Assemblée générale des Nations Unies à New York, le président du CPT a dressé un tableau critique de l’instabilité politique et de la situation sécuritaire en Haïti, qui affecte tous les aspects de la société haïtienne et fragilise les institutions, paralysant l’économie nationale.
« Aujourd’hui, Haïti fait face à une crise sécuritaire d’une gravité sans précédent. La montée en puissance des gangs armés, la violence généralisée et l’instabilité politique ont plongé la nation dans un état de vulnérabilité extrême. Les citoyens vivent dans la peur, incapables de circuler librement sur le territoire national, d’aller travailler ou d’envoyer leurs enfants à l’école en toute sécurité, notamment dans la région métropolitaine de Port-au-Prince, la capitale », a-t-il expliqué.
Le président Leblanc Fils a affirmé que le rétablissement de la sécurité nationale est une priorité absolue pour les autorités haïtiennes, pleinement engagées à mettre fin à cette spirale de violence et à restaurer l’ordre, afin de garantir à chaque citoyen le droit fondamental à la sécurité.
« C’est dans ce contexte, » a-t-il poursuivi, « que la décision du Conseil de sécurité de l’ONU d’autoriser le déploiement de la Mission Multinationale de Soutien à la Sécurité (MMS), dirigée par le Kenya, a été une réponse directe aux appels du peuple haïtien. »
Selon lui, la MMS et la Police nationale d’Haïti ont déjà montré des résultats tangibles sur le terrain, permettant à la population de retrouver progressivement un semblant de normalité.
Transformation de la MMSS en une mission onusienne
Le président du Conseil présidentiel de transition a également abordé la question de la transformation de la Force Multinationale de Soutien à la Sécurité en une Mission de Maintien de la Paix (OMP) sous l’égide de l’ONU.
Conscient de l’héritage amer laissé par certaines missions onusiennes en Haïti, marquées par des allégations graves de violations des droits humains, y compris des abus sexuels, ainsi que par l’absence de poursuites et de réparations pour les victimes, M. Leblanc Fils a souligné qu’il n’est jamais trop tard pour corriger ces erreurs et en tirer des leçons. Il estime que cela pourrait garantir le succès de la mission en Haïti.
« Nous avons l’opportunité de restaurer l’image des missions internationales en Haïti et de construire un avenir meilleur pour le peuple haïtien », a-t-il déclaré. « C’est dans cet esprit que nous souhaitons amorcer une réflexion sur la transformation de la Mission de Soutien à la Sécurité en une Mission de Maintien de la Paix (OMP) sous mandat de l’Organisation des Nations Unies. »
M. Leblanc Fils estime que cette transformation permettrait non seulement de sécuriser un financement plus stable et d’élargir les capacités de la mission, mais aussi de renforcer l’engagement des États membres en faveur de la sécurité en Haïti.
En attendant la finalisation de ce processus, 600 autres officiers kenyans sont attendus bientôt sur le sol haïtien pour renforcer la MMS, sans oublier les autres pays qui ont manifesté leur volonté d’y participer.